Jonas GATHEN soutiendra publiquement ses travaux de thèse en sciences économiques le mardi 2 juillet 2024 à 15h00 (Auditorium 5, Bâtiment TSE)
« Essays in Macro Development»
Directeurs de thèse : Fabrice Collard & Stéphane Straub
Pour assister à la soutenance, merci de contacter le secrétariat Christelle Fotso Tatchum
Les membres du jury :
- Fabrice COLLARD : Directeur de Recherche, CNRS/TSE-R Directeur de thèse
- Matteo BOBBA : Professeur d'Economie, TSE / Université Toulouse Capitole Examinateur
- Francisco BUERA : Professeur d'Economie, Washington University in St Louis Rapporteur
- Josep PIJOAN-MAS : Professeur d'Economie, CEMFI Rapporteur
Résumé :
Quels sont les moteurs de la croissance économique et du développement et comment les pays pauvres deviennent-ils plus riches ? Cette question fondamentale sur la macroéconomie du développement est la motivation sous-jacente de cette thèse. Les trois chapitres se concentrent sur différents aspects du processus de développement.
Dans le premier chapitre, coécrit avec Oscar Fentanes, nous nous demandons comment quantifier l'effet des politiques dans les économies où les entreprises sont confrontées à des frictions d'ajustement et où l'environnement économique change constamment. Dans ces conditions, à tout moment, l'économie réagit aux nouveaux changements de politique tout en continuant à s'adapter aux changements précédents. Nous montrons comment démêler empiriquement ces deux aspects à l'aide d'un modèle structurel de la dynamique des usines et de données de panel standard au niveau des usines. Nous appliquons notre approche au miracle de la croissance indonésien de 1975 à 2015, en estimant le modèle sur 40 ans de données microéconomiques le long de la trajectoire de croissance observée, sans supposer que l'économie n'a jamais atteint un état stable. Nous constatons que la croissance due au rattrapage des changements antérieurs dans l'économie est essentielle et ne perd pas de son importance au fil du temps, car les ajustements sont lents et les changements à l'échelle de l'économie fréquents.
Le deuxième chapitre quantifie les coûts globaux des relations politiques à l'aide d'un modèle d'équilibre général dans lequel les entreprises ayant des relations politiques bénéficient de subventions à la production et dépensent de manière endogène des ressources dans des activités de recherche de rente. Le modèle est estimé de manière structurelle à l'aide de riches données au niveau de l'entreprise pour le secteur manufacturier indonésien et d'une mesure de la connectivité politique au niveau de l'entreprise basée sur une expérience naturelle. Je constate que les subventions accordées aux entreprises connectées sont trop élevées et dispersées, coûtant à l'économie entre 1,0 et 4,7 % de la production globale.
Le troisième chapitre de ma thèse propose une nouvelle approche pour estimer les compétences des fonctionnaires, un élément clé pour étudier comment la composition et la sélection des fonctionnaires influencent la capacité et le développement de l'État. Cette approche est applicable dans des contextes où la production du gouvernement n'est pas observée et où les salaires du gouvernement ne donnent pas d'informations sur les différences de compétences. L'approche en trois étapes consiste d'abord à estimer les compétences à partir des salaires versés pour des emplois comparables dans le secteur privé, puis à relier ces compétences à des éléments observables liés aux compétences à l'aide d'outils d'apprentissage automatique et enfin à prédire les compétences des fonctionnaires hors échantillon. J'applique la nouvelle méthode d'estimation à de riches données de panel indonésiennes au niveau des ménages de 1988 à 2014, et je montre deux applications principales. Premièrement, je quantifie le fait que les fonctionnaires sont hautement sélectionnés, que leurs compétences se sont accrues, mais que leur prime de compétence a diminué au fil du temps. Deuxièmement, j'analyse la fixation des salaires des fonctionnaires : le gouvernement indonésien verse une prime salariale d'au moins 30% en fonction des compétences, dont environ un tiers est dû à l'écart salarial important entre les hommes et les femmes dans le secteur privé indonésien.