Julia HOEFER MARTI soutiendra publiquement sa thèse le jeudi 16 mai 2024 à 11h30, Auditorium 5 & par ZOOM
Titre de ses travaux : «Essays on the Economics of Gender and Norms»
Directeur de thèse : Paul SEABRIGHT
Pour assister à la séance publique, merci de contacter le secrétariat Christelle Fotso Tatchum
Membres du jury :
- Emmanuelle Auriol : Professeure d'économie, TSE, Examinatrice
- Josepa Miquel-Florens :Professeure assistant d'économie, TSE, Examinatrice
- Amma Panin : Professeure assistant, Université Catholique de Louvain, Rapporteure
- Guido Friebel, Professeur d'économie, Goethe University Frankfurt, Rapporteur
Résumé :
Cette thèse contient trois essais étudiant l'interaction de facteurs économiques, de normes sociales et de contraintes institutionnelles, avec un accent particulier sur les femmes.
Dans le premier chapitre, j'étudie les effets de la maternité et l'orientation sexuelle sur les salaires des femmes. La maternité entraîne une pénalité salariale bien connue et persistante; cependant, la part imputable aux différences de capital humain ou de productivité a diminué, tandis que la part inexpliquée a augmenté au fil des décennies. Cela a conduit à un recentrage sur la spécialisation du travail domestique et le rôle des normes de genre dans sa détermination. Les couples lesbiens ne sont pas soumis aux mêmes normes sociales que les couples hétérosexuels, et des preuves préliminaires semblaient suggérer que les femmes lesbiennes voient une prime salariale de maternité.
En utilisant les bases de données EU Standards of Income and Living Conditions et US Panel Study of Income Dynamics, je confirme la pénalité salariale de maternité pour les femmes hétérosexuelles, mais je rejette une prime salariale générale pour les mères lesbiennes; par contre, je trouve des indications d'une prime salariale de maternité, spécifiquement pour les mères lesbiennes qui ne se spécialisent pas dans les tâches ménagères. En revanche, gagner plus, travailler plus ou faire moins de tâches ménagères que son partenaire ne suffisent pas à éliminer la pénalité en matière de revenus de maternité pour les femmes hétérosexuelles.
Le deuxième chapitre est co-écrit avec Paul Seabright; nous étudions l'hypothèse que les normes sociales interdisant les relations sexuelles pourraient, par inadvertance, entraîner des taux plus élevés d'agressions sexuelles en incitant les individus à consommer de l'alcool comme « désinhibiteur ». Nous construisons un modèle dans lequel un étudiant peut prendre la décision de consommer de l'alcool pour affaiblir stratégiquement la pression des normes sociales contre les relations sexuelles.
Nous appliquons ce modèle aux données du National Incident-Based Reporting System, en utilisant la présence de Planned Parenthood dans la municipalité de l'université comme indicateur de la force des normes sociales contre les relations sexuelles occasionnelles. Les campus où Planned Parenthood n'est pas présent ont des taux plus élevés de violence sexuelle où l'alcool est impliqué. Nous trouvons aussi des preuves indicatives que les incidents de violence sexuelle alimentées par l'alcool sont liés à des attitudes contre les relations sexuelles.
Dans le troisième chapitre, j'étudie les effets de l'intervention de l'État dans le marché de la religion. Le soutien du gouvernement peut conférer une position dominante à une institution religieuse, mais peut également tordre des incitations et réduire sa réactivité aux besoins de ses membres. Des recherches antérieures ont tenté de mesurer les effets de la réglementation et/ou le soutien à la religion uniquement au niveau de la population, souvent avec des mesures de soutien binaires.
Je construis un indice standardisé du soutien des États à la religion et j'étudie ses effets sur la religiosité externe et interne des individus, ainsi que sur la légitimité des institutions religieuses. Je trouve qu'un soutien gouvernemental plus fort augmente la religiosité externe, mais au prix d'une diminution de la religiosité interne des individus et de la confiance dans les institutions religieuses. Ces effets négatifs se font surtout sentir à long terme et se concentrent sur les membres des religions bénéficiant du soutien de l’État. Les femmes augmentent moins leur religiosité externe, et la diminution de leur religiosité interne et de leur confiance dans les institutions religieuses se fait plus vivement sentir. En fin de compte, le soutien du gouvernement a un effet négatif sur l’appartenance religieuse à l’échelle de la population, mais les individus abandonnent leur confession bien plus facilement que leur foi.