Cet article a été publié dans le magazine de vulgarisation scientifique de TSE, TSE Mag. Il fait partie du numéro paru au printemps 2024, dédié à la "révolution climatique". Découvrez le PDF complet ici et écrivez-nous pour recevoir une copie imprimée ou nous partager vos impressions, à cette adresse.
Malgré les preuves de plus en plus nombreuses fournies par les scientifiques, de nombreuses personnes continuent à ignorer allègrement l'ampleur de la crise. Céline Nauges, de TSE, souhaite comprendre ce qui motive nos croyances et nos attitudes à l'égard du changement climatique.
Plus on est riche, et moins on est préoccupé par le changement climatique. C’est ce que montre Céline dans une étude dans laquelle elle utilise des données d’enquête menée auprès de ménages de 11 pays. Ses résultats suggèrent que le fait d’être riche agit comme un bouclier contre le risque : cela réduit les préoccupations liées au changement climatique et augmente le sentiment de contrôle. Elle mesure ce sentiment à l'aide d'un "indice de préparation" attestant de la capacité des pays à s'adapter au changement climatique, les ménages pouvant de leur côté faire des choix en matière d’efficacité énergétique pour mieux se protéger contre le changement climatique. Cela met en évidence un obstacle majeur à l'action climatique : comment inspirer ceux qui ont le pouvoir d'agir, alors qu'ils sont peut-être aussi les moins motivés ?
PRÉOCCUPATIONS
Une autre étude explore les attitudes face au changement climatique et les comportements d'adaptation dans les zones rurales d'Australie, à l'aide de deux enquêtes menées auprès des mêmes agriculteurs à cinq ans d’intervalle. Céline constate que les agriculteurs exposés à des risques plus élevés – endettement, températures élevées, précipitations faibles - sont plus susceptibles de considérer le changement climatique comme une menace.
Selon l’économiste, les agriculteurs ont changé d’attitude vis-à-vis du changement climatique au cours des cinq ans : ils ont pris des mesures pour réduire les risques (réduction des surfaces irriguées, modification de l’assolement, etc.). En faisant cela, ils ont atténué leur exposition au risque et donc leur préoccupation à l’égard du climat. À l'inverse, ceux qui étaient initialement dans le déni furent plus enclins à prendre des décisions qui ont accru leur exposition au risque, ce qui a, in fine, renforcé leurs préoccupations climatiques. Ainsi, si nos croyances guident nos choix, il est montré ici que nos actions peuvent en retour influencer nos attitudes.
ALLER PLUS LOIN
Sarah Ann Wheeler, Céline Nauges, Alec Zuo (2021) - How stable are Australian farmers’ climate change risk perceptions?