Le consommateur-citoyen peut-il sauver la planète ?

14 Décembre 2021 Transition énergétique

L’éco-consommation modifie l’efficacité et la pertinence des politiques environnementales. Voici pourquoi.

Difficile d’échapper à la frénésie de consommation à l’approche de Noël. A défaut de consommer moins, chacun peut s’efforcer à consommer mieux en privilégiant des produits moins polluants. Réduire les emballages, acheter des aliments bio, rouler en voiture électrique, signer un contrat de fourniture d’électricité 100% renouvelable, les occasions ne manquent pas. Certes cela vous coûtera un peu plus cher, mais n’est-ce pas le prix à payer pour sauver la planète ? Les entreprises répondent à cette attente en axant leur campagne de promotion sur les bienfaits de leurs actions sur l’environnement. Elles rivalisent d’initiatives pour planter des arbres, installer des panneaux solaires, réduire les déchets, leur consommation d’eau, l’usage de produits chimiques polluants, etc. Et elles le font savoir sur leurs supports publicitaires agrémentés de belles images de la nature.

Une situation inefficace

Dans un article récemment publié, nous analysons les conséquences de cet engouement pour l’éco-consommation sur les politiques environnementales et, in fine, la protection de l’environnement. Premier enseignement : la présence d’éco-consommateurs peut s’avérer inefficace d’un point de vue économique. La demande des éco-consommateurs crée une offre de produits différentiés sur leur qualité environnementale de sorte que les efforts de dépollution ne sont pas alloués de manière optimale. On se retrouve avec des produits qui évitent la pollution à un coût supérieur aux autres. Ainsi, les aliments labélisés agriculture biologique au cahier des charges très sévère réduisent la pollution de l’eau (pesticides et nitrate) à des coûts bien plus élevés qui si on relevait les standards de l’agriculture conventionnelle. On pourrait alors atteindre une même amélioration de la qualité de nos cours d’eau à moindre coût pour la filière agricole dans son ensemble.

Deuxième enseignement : l’éco-consommation renverse la supériorité des taxes sur les standards comme instrument de politique environnementale. Une taxe carbone amplifie la différence de coûts de réduction des émissions de CO2 entre produits, ce qui aggrave l’inefficacité de l’allocation des efforts de dépollution. Le même niveau de protection de l’environnement pourrait être atteint à moindre coût avec un standard technologique d’efficacité énergétique, ou de part de renouvelables dans le mix énergétique.

Des politiques environnementales plus laxistes

Autre effet pervers de l’éco-consommation : favoriser l’adoption de politiques environnementales moins contraignantes. La société peut se satisfaire d’une situation où les efforts de dépollution sont réalisés grâce la demande des éco-consommateurs plutôt que de renforcer les standards environnementaux. Alors qu’en l’absence d’éco-consommation, les citoyens se seraient mobilisés pour faire adopter des politiques environnementales plus strictes, chacun se satisfait de cette situation car elle permet d’avoir des produits bon marché. Le consommateur peut alors acheter des produits de piètre qualité environnementale à bas prix ou bien contribuer à la protection de l’environnement à un prix plus élevé mais qui reste abordable. Le citoyen se satisfait de ce niveau de protection de l’environnement. Néanmoins, la planète se porterait mieux si la contribution à l’environnement était mieux répartie entre consommateurs.

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Le citoyen-consommateur qui est en chacun de nous se demande comment sauver la planète des désastres écologiques annoncés. Nos choix de consommation peuvent y contribuer. Mais notre comportement d’éco-consommateur ne peut se substituer à nos devoirs de citoyen. Voter avec son porte-monnaie ne suffit pas. Il faut également faire en sorte que des politiques environnementales contraignantes soient imposées aux producteurs.