Sébastien Montpetit soutiendra publiquement ses travaux de thèse le vendredi 5 juillet à 14h00 (Auditorium 5, Building TSE and Online)
Titre : « Essays on Female Labor Force Participation in Developed Countries»
Directeurs de thèse : Philippe BONTEMS et François POINAS
Pour assister à la séance publique, merci de contacter le secrétariat Christelle Fotso Tatchum
Membres du jury :
- Philippe BONTEMS : Directeur de Recherche, INRAE/TSE-R Directeur de thèse
- François POINAS : Maitre de Conférences, TSE - Université Toulouse Capitole Co-directeur de thèse
- Marie CONNOLLY : Professeure d'Economie, Université du Québec à Montréal Rapporteure
- Jean-William LALIBERTE : Professeur Associé d'Economie, University of Calgary Rapporteur
- Marie-Louise LEROUX : Professeure d'Economie, Université du Québec à Montréal Examinatrice
Résumé :
Au cours du siècle dernier, la hausse du taux de participation des femmes dans l'économie est l'une des transformations les plus importantes du marché du travail. Cette thèse présente trois essais étudiant les compromis auxquels les femmes doivent faire face dans leur choix de participer ainsi que leurs conséquences sur le bien-être social.
Dans le premier chapitre, corédigé avec Pierre-Loup Beauregard et Luisa Carrer, nous évaluons l'effet de la provision universelle de services de garde sur le bien-être social. Tirant avantage de l'introduction universelle de services de garde à bas prix au Québec en 1997 et de nouvelles données sur les taux de couverture en garderies au niveau local, nous démontrons que les impacts sur l'offre de travail des mères et l'utilisation des services sont plus grands dans les régions où l'offre de garde a augmenté davantage. Ainsi, la disponibilité de places est en partie responsable des réponses observées, et non seulement la baisse des prix. Dans la seconde partie du chapitre, nous estimons le ratio bénéfices-coûts nets de la politique, en tenant notamment compte de sa nature non-marginale. Nous estimons les gains d'utilité des mères à l'aide d'un modèle d'offre de travail et de choix de garde, incorporant les bénéfices non-pécuniers pour les mères, tels que les coûts non-monétaires de l'usage de services de garde et la disponibilité des places. Les estimés structurels indiquent que les bénéfices pour les mères sont plus de 3,5 dollars par dollar net de dépense publique - plus du double de ceux obtenus en se limitant aux gains de revenus. Ainsi, nos résultats suggèrent que les bénéfices non-pécuniers pour les mères sont une composante clé des gains de bien-être des politiques universelles. Des simulations contrefactuelles suggèrent qu'investir davantage dans l'ouverture de places, plutôt que de baisser les prix, aurait généré des retours sur investissement encore plus grands.
Dans le second chapitre, Antoine Jacquet et moi étudions la relation entre le port du voile et la participation économique à l'aide du plus grand échantillon de femmes musulmanes en France.
Nous démontrons une relation négative forte entre le port du voile et la participation économique, contraire à la théorie économique existante dans les pays à majorité musulmane. Nous montrons qu'un modèle qui tient également compte des opportunités économiques réduites pour les femmes voilées est cohérent avec ce résultat. Ensuite, nous développons et estimons un modèle à choix discrets de port du voile et de participation pour distinguer les motifs derrière cette décision conjointe. Nos résultats indiquent que les femmes voilées sont moins actives, non pas en raison de préférences religieuses, mais plutôt parce que leurs bénéfices à participer sont inférieurs. De plus, nos résultats suggèrent l'importance des motifs religieux personnels, plutôt que celle des pressions communautaires. Cela remet en question la rhétorique utilisée pour justifier les politiques restreignant le port de symboles religieux en France.
Dans le troisième chapitre, j'estime l'effet de l'interdiction du port du voile pour les élèves sur l'éducation des musulmanes. Dans une analyse de différence-en-différences, je trouve que la directive aux responsables d'écoles de bannir le voile dans les écoles françaises en 1994 a induit un grand déclin dans le taux de complétude du secondaire des femmes musulmanes. L'effet sur la marge intensive de l'éducation persiste à moyen terme. Les données suggèrent que l'interdiction opère à travers une augmentation des expériences de discrimination envers les musulmanes et d'une perte de confiance envers l'école française, et non via des changements dans les investissements des parents dans l'éducation de leurs filles. Je montre que l'utilisation d'un proxy inapproprié du traitement dans des études précédentes a une grande influence sur les conclusions obtenues. À long terme, les cohortes affectées affichent une plus faible religiosité.