Philippe Aghion, lauréat du prix Jean-Jacques Laffont 2022
Réservez la date du mardi 6 décembre 2022: Remise du prix
Célébrant ses recherches novatrices sur la croissance et l'innovation, le prix Jean-Jacques Laffont est décerné cette année à l'économiste Philippe Aghion, professeur au Collège de France, à l'INSEAD (Institut européen d'administration des affaires) et à la London School of Economics.
Le prix Jean-Jacques Laffont a été créé en 2005 par la Toulouse School of Economics en partenariat avec la Ville de Toulouse. Il est décerné tous les ans et récompense un économiste de haut niveau international dont les travaux de recherche, dans l’esprit de l’œuvre du Professeur Jean-Jacques Laffont, combinent à la fois les aspects théoriques et empiriques. Le lauréat du prix présente ses travaux lors d'une conférence organisée à TSE suivie de la cérémonie de remise du prix à la Mairie de Toulouse.
Cette année, le Prix Jean-Jacques Laffont sera décerné à Philippe Aghion (Collège de France, Insead & London School of Economics) le 6 décembre 2022.
Plus d'informations sur cet événement.
"Recevoir le prix Jean-Jacques Laffont est un grand honneur. Jean-Jacques Laffont a non seulement été un fantastique bâtisseur en faisant de Toulouse un phare de l’économie en France et en Europe. C’était également un homme de vision, dont la contribution à l’économie a été déterminante, tout comme Jean Tirole, qui a également été un de mes mentors. Ce prix m’incombe ainsi d’une certaine responsabilité, en écho à cet héritage.”
Ses travaux
“Mes recherches portent sur la théorie de la destruction créatrice, c’est-à-dire la manière dont une innovation nouvelle détruit une innovation ancienne et la rend obsolète. Ce mécanisme est le moteur du capitalisme et a permis une croissance majeure de nos niveaux de vie. L’enjeu actuel est de savoir comment appréhender ce pouvoir pour l’orienter vers une croissance plus verte et plus juste, pour le bien commun, en somme.
Mais ce processus de destruction créatrice nous met face à une contradiction : il faut à la fois soutenir les entreprises viables afin de sauver des emplois et préserver le capital humain, tout en encourageant l’entrée de nouvelles entreprises et de nouvelles activités plus performantes ou plus en phase avec les besoins des consommateurs.
A ce titre, trois acteurs sont indispensables : les entreprises, la société civile et l’Etat, en particulier pour rediriger le changement technique vers l’innovation verte, afin d’éviter un désastre environnemental. Par exemple, si l’on s’intéresse au secteur automobile, la mise en place d’une taxe carbone ou une subvention à l’innovation verte ont pour effet de rendre le changement de technologie moins coûteux et de réorienter l’innovation des entreprises automobiles vers les moteurs électriques. Mais les consommateurs jouent également un rôle important.”
"La stimulation de l'innovation sera essentielle"
Lors du Sommet du Bien Commun cette année, Philippe a insisté sur le fait que la stimulation de l'innovation sera essentielle pour que la France puisse surmonter les turbulences économiques et la transition écologique.
"La France a connu un déclin industriel dans tous les secteurs depuis le milieu des années 1990 : notre déficit commercial dépassera 84 milliards d'euros en 2021. Cela traduit un manque d'innovation. Ce n'est que dans le nucléaire, l'aéronautique et le luxe que nous avons conservé un leadership technologique." Il appelle à investir dans un nouvel écosystème d'innovation, inspiré des institutions de recherche américaines comme la DARPA et la BARDA, et à cibler le crédit d'impôt recherche sur les petites entreprises. Les investissements publics doivent être accompagnés d'une bonne gouvernance et soumis à des tests de performance, a-t-il dit. "Tous les investissements ne sont pas égaux", a-t-il ajouté. "Il y a des dépenses récurrentes et improductives causées, par exemple, par le déficit structurel du système de retraite, ou le 'millefeuille' territorial. De l'autre côté, il y a des investissements utiles dans la croissance et la transition écologique. Si vous investissez dans la croissance, vous augmentez votre capacité à payer votre dette à long terme."
La réforme des retraites est une autre question urgente, a-t-il fait valoir, en préconisant un relèvement de l'âge de la retraite. "Les alternatives pour équilibrer le système de retraite sont de baisser les prestations ou d'augmenter les cotisations", a déclaré Philippe. "Cela fait baisser le pouvoir d'achat et c'est mauvais pour l'économie. La seule mesure non régressive est d'augmenter la durée de cotisation."
Nous sommes ravis d'accueillir Philippe lors de la cérémonie de remise du prix à Toulouse le 6 décembre 2022.