Après avoir frôlé les 2.O.OOO DOLLARS en décembre, le cours du bitcoin est descendu aux alentours de 6.000 dollars le 6 fevrier dernier. Il faut s'en réjouir. C'est une bonne chose que le cours du bitcoin baisse, et ce pour deux raisons.
D'une part, la baisse devrait réduire la consommation d'électricité des mineurs de bitcoms, sans réduire leur efficacité. D'autre part, il est néecessaire que la bulle spéculative se dégonfle pour que le bitcoin puisse être utilisé comme monnaie.
La Blockcham bitcom est une chaîne de blocs. Chaque bloc enregistre un flux de transactions en bitcoms.
L'idée fondamentale du protocole Blockchain est que ce ne soit pas une autorité centrale qui valide ces blocs, maîs un réseau décentralise dont les nœuds, qu'on appelle des mineurs, « votent » sur l'état du registre. En réalité, il ne s'agit pas vraiment de vote. Plutôt, chaque nœud du réseau a une certaine probabilité d'être celui qui validera la prochaine transaction. Pour mettre en pratique ce « vote probabiliste », les mineurs utilisent des ordinateurs et de l'électricité pour résoudre des problèmes numériques sans intérêt intrinsèque. Le premier mineur qui résout son problème est celui qui propose le prochain bloc.
Il obtient alors en récompense 12,5 bitcoms (ce sont ces recompenses qui constituent la création monétaire de nouveaux bitcoms). Plus le cours du bitcoin est élevé, plus ces 12,5 bitcoms représentent une somme importante ; plus il est intéressant de résoudre un bloc, plus les mineurs veulent augmenter leur capacité de calcul (et leur consommation d'électricité) pour augmenter leur probabilité de proposer le prochain bloc. Or le protocole Blockcham est tel que le rythme de résolution des blocs doit être constant (un bloc toutes les 10 minutes). Donc si la capacité globale de calcul dans le réseau augmente, menaçant d'accélérer le rythme de résolution des blocs, le protocole accroît la difficulté du problème numérique que les mineurs doivent résoudre, pour ramener le rythme de résolution à sa valeur cible. L'augmentation de la capacité de calcul et de la consommation d'électricité n'a donc aucune conséquence positive et représente simplement un coût pour la société. L'envolée du cours du bitcoin, en incitant les mineurs à augmenter ce coût, a conduit à un gaspillage important et polluant. Digiconomist estime que la consommation d'électricté du réseau bitcoin est supérieure à celle de la Nouvelle-Zélande. Une baisse du
cours du bitcoin devrait conduire à une baisse de ce gaspillage, et cela sans réduire l'efficacité du fonctionnement du protocole Blockcham bitcoin.
Une baisse du cours du bitcoin, due à un dégonflement de la bulle spéculative, devrait aussi améliorer la capacité du bitcoin à jouer son rôle de monnaie. Il y a une contradiction entre le caractère de bulle spéculative et la capacité du bitcoin à exercer les trois fonctions de la monnaie : moyen de paiement, unité de compte, et réserve de valeur.
Au cours de la période récente, une très grande partie des échanges de bitcoin n'avait pas pour objet l'achat de biens ou services, maîs la réalisation d'une transaction spéculative. Ces échanges spéculatifs doivent être enregistrés dans des blocs de la Blockcham bitcoin. Lorsqu'ils sont trop nombreux, ils congestionnent la capacité du réseau à enregistrer les transactions et ralentissent donc cet enregistrement. Cela réduit l'utilité du bitcoin comme moyen de paiement.
La bulle spéculative bitcoin est aussi caractérisée par une très grande volatilité. Par exemple, le cours du bitcoin est passé de près de 6.000 dollars le 6 février à près de 8.000 dollars le lendemain.
Une telle volatilité empêche d'utiliser le bitcoin comme unité de compte. Pourrait-on imaginer dans le contexte actuel de tenir la comptabilité de son entreprise en bitcoin ?
La grande volatilité du bitcoin l'empêche aussi d'être utilisé comme réserve de valeur. On peut certes l'utiliser comme véhicule d'investissement spéculatif, en espérant des plus-values importantes, tout en craignant une chute des cours.
Maîs on ne peut pas l'utiliser pour conserver des liquidités. Pourrait-on imaginer une entreprise détenant comme actif liquide (servant à régler ses factures) des bitcoms plutôt que des euros ou des dollars ?
Il faut se réjouir de la chute du cours du bitcoin et espérer qu'elle est le prélude à un éclatement de la bulle spéculative. C'est seulement après cet éclatement que le bitcoin pourra jouer un rôle de monnaie, et ce à un coût raisonnable pour la société.
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