Pour que les clients achètent des « voitures vertes » roulant aux carburants alternatifs, ils doivent avoir accès à un grand nombre de stations-service adaptées. En se basant sur les données considérables du marché italien, la chercheuse postdoctorale TSE Giulia Pavan propose un véritable modèle d’offre et de demande permettant d’étudier les incitations à l’adoption des carburants alternatifs.
Giulia a étudié le marché italien, qui se caractérise par une proportion importante de nouvelles voitures GPL ou GNV, et par une répartition hétérogène des stations-service selon les marchés. Elle a collecté des données sur le prix de vente des véhicules, le type de carburant et d'autres caractéristiques des voitures nouvellement achetées par des particuliers, puis a combiné ces données avec des informations sur la localisation et la gamme de carburants proposée par les stations-service italiennes en 2012. Giulia a également pu exploiter les différences de législation locale en matière de restrictions de circulation pour les voitures roulant aux carburants traditionnels, de taxes réduites pour les véhicules utilisant un carburant alternatif et vis-à-vis des lois obligeant les stations-service à proposer au moins un carburant alternatif.
Il ressort principalement du modèle de demande de Giulia que les consommateurs sont sensibles à la disponibilité du combustible et que cet effet s'accentue pour les carburants alternatifs. Du côté des stations-service, son estimation sous-entend que le coût fixe de l'ajout d'une pompe GPL est de 41 681 €, tandis que celui d'une pompe GNV s'élève à 163 388 €. t
À partir de ces estimations de demande et de participation, Giulia a comparé deux mesures : une remise de 2 000 € sur le prix d'achat des voitures utilisant un carburant alternatif et une subvention de 50 % pour l'installation d'une pompe à carburant alternatif. Elle a découvert que le subventionnement des consommateurs augmenterait la part des voitures GPL de 30 % et celle des voitures GNV de 33 %, ce qui conduirait à une hausse de 3 à 5 % de la densité de stations-service. Par ailleurs, subventionner les stations-service augmenterait la disponibilité des combustibles alternatifs de 60 % et 66 %, respectivement pour le GPL et le GNV, ce qui donnerait lieu à une hausse de part de marché de 17 % pour les voitures GPL et de 96 % pour les voitures GNV.
Giulia souligne toutefois que les résultats de ces deux mesures sont contrastés et doivent être évalués au niveau du marché local. Bien que subventionner les consommateurs soit plus efficace en termes de réduction de CO² par véhicule, cette mesure n'influence pas, même indirectement, l'apparition de nouvelles stations-service. L'effet d'un subventionnement des stations-service sur les parts de marché des carburants alternatifs serait aussi plus durable car les stations-service resteraient ainsi présentes sur ce marché. Selon les travaux de Giulia, l’adoption combinée de ces deux mesures conduirait à une réduction moyenne des émissions de CO².